Pour la maison Guigal. la baisse des ventes en France a été en partie compensée par l’export.
Stéphane Chalaye / E. Guigal SAS
Alors que les exportations de vin français se sont effondrées avec la crise sanitaire, la maison Guigal a, au contraire, progressé dans ses ventes à l'international.
Après la mise en place d’une taxe de 25 % sur les vins français importés aux Etats-Unis en octobre dernier, c’est à une nouvelle crise que doit faire face la filière viticole française avec le Covid-19. Selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), les exportations ont reculé de 12 % à 1,84 milliard d’euros au premier trimestre 2020 avec une chute de près de 20 % sur le seul mois de mars. Heureusement, certains producteurs résistent mieux. C’est le cas de la maison Guigal, à Ampuis, l’un des plus importants producteurs du nord de la Vallée du Rhône, qui affichait en 2019, un chiffre d'affaires de 59,5 millions d'euros (35 persones). « En cumulé, depuis le début de l’année, nous sommes à - 8 % en valeur, mais à + 4 % en volume par rapport à la même période de 2019 », explique Philippe Guigal, directeur général.
La France à l’arrêt
Si la France représente en temps normal la moitié des ventes, les rapports ont été complètement bouleversés avec la mise en place du confinement dans l’Hexagone et la fermeture des restaurants qui représentent habituellement « entre 30 et 35 % de notre chiffre d’affaires », souligne Philippe Guigal qui ajoute : « Depuis quelques semaines, nous sommes plutôt sur un rapport 93 % export et 7 % France. » Et si la France recule drastiquement, d’autres pays progressent, comme le Canada et les Etats-Unis : « N’ayant pas de caves à vins comme les Français, ils ont continué d’acheter en masse et se sont tournés vers des marques qu’ils connaissaient, à l’instar des Côtes du Rhône Guigal », note le directeur général de la maison éponyme qui a également vu ses ventes se poursuivre en Europe du Nord. S’il n’est pas pessimiste, Philippe Guigal reconnaît qu’il existe beaucoup d’incertitudes pour la suite : « Il faut que les restaurants rouvrent rapidement afin d’éviter une catastrophe économique pour notre pays. »
Délais de paiement
Le dirigeant s’insurge également contre « certains grands comptes qui, dès la première semaine de confinement, ont décalé le paiement de leurs factures pour se faire de la trésorerie sur le dos des PME ». Un sujet suivi de près par Bercy qui a mis en place un comité de crise sur les délais de paiement (lire dans Bref Eco : « Michelin distinguée "Entreprise solidaire" aux côtés de treize autres bons payeurs »).
Cet article a été publié dans le numéro 2413 de Bref Eco.