Catherine Bocquet (à gauche) a réussi à recruter deux développeuses informatiques pour son agence Web SFI.
Le Panorama start-up 2018 d’EY révèle que seuls 10 % des entrepreneurs sont des femmes… C’est bien peu ! D'autant que les candidates aux métiers du numérique (notamment techniques) semblent de plus en plus rares. Probablement le résultat d'une absence de véritables « rôles-modèles »
Le 15 novembre dernier, Kat Borlongan, nouvelle directrice de la Mission French Tech, s’est prêtée un petit jeu édifiant lors du Sommet des Start-Up organisé à Lyon : « Mesdames, levez la main. Celles qui ne travaillent pas dans une start-up, baissez la main… et celles qui ne dirigent pas une start-up également. » A la fin, ne restaient plus que deux ou trois mains levées dans l’audience où régnait pourtant la parité ! La situation pourrait empirer au regard du nombre de filles dans les filières technologiques et scientifiques est en diminution : « Dans ma promo d’ingénieurs informatiques à l’Insa en 1986, nous étions 25 % de femmes, se souvient Catherine Bocquet, coprésidente de Digital League et présidente de l’entreprise Web SFI à Saint-Etienne. Malheureusement, ce pourcentage est en baisse », déplore-t-elle.
Susciter des vocations
Dans son équipe informatique de 18 personnes, elle ne compte que deux filles, faute de candidates ! Si, dans l’ensemble de la filière numérique, les femmes représentent 29 % des emplois en Auvergne Rhône-Alpes, selon le dernier Observatoire du numérique EY/Digital League, elles sont moins de 20 % lorsque l’on parle des postes techniques. « Quand on sait que 71 % des entreprises de la filière peinent à recruter, on se dit que les femmes ont toute leur place », assure Catherine Bocquet, convaincue de l’intérêt de susciter des vocations dès le plus jeune âge. Elle va ainsi participer avec la fondation Face Loire à WI-Filles, un programme d’initiation aux métiers techniques de l’informatique dédié aux collégiennes et lycéennes, pour sortir des préjugés. « Il faut arrêter de véhiculer l’image de la geek qui vit la nuit », répète Catherine Bocquet, appuyée par Juliette Jarry, vice-présidente au numérique à la Région : « On remarque que de jeunes femmes suivent des études scientifiques et techniques mais n’osent pas s’insérer dans ces métiers techniques, de fait de représentations erronées. La mise en avant de « rôles modèles » est indispensable pour donner une image attractive des métiers du numérique aux jeunes filles. C’est un travail culturel à mener. »
Pour Jade Le Maître, cofondatrice de Hease Robotics, Villeurbanne : « Les métiers du numérique et de la robotique sont suffisamment diversifiés pour que les femmes aux têtes bien faites y trouvent leur compte et s’épanouissent. » Lauréate 2017 des Femmes de l’économie, elle interviendra le 29 novembre prochain à Clermont-Ferrand pour la remise des prix 2018 l’occasion d’une table ronde : « Métiers de l’innovation : le pari de la diversité ». Et compte intervenir dans les lycées avec 100.000 Entrepreneurs. De l’importance des rôles-modèles !
Cet article a été publié dans le numéro 2350 de Bref Eco.