Eric Maumy
B. Gaudillère
Arrivé il y a un an à la faveur du rachat de l’entreprise par le fonds CVC Capital Partner, le nouveau directeur général d’April, Eric Maumy, a poursuivi le recentrage de l’entreprise sur ses métiers les plus porteurs, relancé la dynamique commerciale et échafaudé un nouveau plan stratégique. Le visage du courtier grossiste lyonnais devrait totalement changer.
Recruté il y a un an (chez le courtier Verlingue) par CVC Capital Partner pour prendre la direction d’April racheté à Bruno Rousset, Eric Maumy a pris le train en marche d’une stratégie qui consistait à recentrer April sur les secteurs où le groupe est le plus fort, c'est-à-dire : santé-prévoyance individuelle, santé-prévoyance des TNS (travailleurs non salariés) et des professionnels, assurance emprunteur, santé internationale pour les expatriés ou les étudiants ainsi que certaines niches (plaisance, deux-roues, risque auto aggravé, immobilier, construction). Toutes les autres activités dans lesquelles le groupe s’était petit à petit diversifié ont ou vont être vendues.
De 1 Md€ à 500 M€ de chiffre d'affaires
Dernière opération en date, début septembre : la cession des activités IARD et risque financier d’April Entreprise au groupe Burrus. La prochaine et ultime vente portera sur la filiale Axéria Prévoyance (une compagnie d’assurance qui réalise 300 M€ de CA). Ces opérations ont un effet spectaculaire puisque le CA du groupe April, qui était de 1 Md€ en 2019, passera à 500 M€ à leur issue ! À côté, April dispose d’une participation majoritaire depuis 2018 au sein de La Centrale du Financement.
Eric Maumy a donc accéléré ce recentrage mais aussi relancé la dynamique commerciale. « April avait connu des années de faible croissance et il fallait retrouver des couleurs » explique le Dg. La recette a consisté à restaffer le service commercial pour rehausser la présence de la marque auprès des courtiers de proximité, et à offrir à ces derniers de nouveaux outils numériques plus performants.
Accélérer les étapes de souscription
Ces éléments ont aussi alimenté la réflexion pour établir un nouveau plan stratégique courant jusqu’en 2023. L’un des piliers de ce plan est une amélioration de l’expérience client, qu’il s’agisse des courtiers ou des particuliers. Tout repose sur une digitalisation massive et ergonomique des outils. Un hub digital a été créé pour l’occasion : April X, chargé de tout chambouler : « les insurtech nous ont bousculés, nous allons maintenant faire comme elles, en interne et en mode sprint ! » assure Eric Maumy. Concrètement, les parcours de souscription en ligne ont été repensés. « En assurance santé par exemple, nous sommes passés de 14 à 4 étapes. »
Il y a un an, April mettait aussi en ligne une petite révolution : la market place, qui permet aux courtiers de comparer les offres, celles d’April comme celles de concurrents (April étant tout de même apporteur d’affaires dans ce cas !). Cette révolution généralisée du front office nécessite que toute la machinerie informatique soit davantage agile pour suivre la cadence. Et à ce titre, Eric Maumy annonce que 40 millions d’euros vont être injectés dans cette performance des systèmes d’information « Il nous faut abaisser nos coûts de gestion. Nous avons de gros enjeux de productivité car les assureurs nous délèguent tout. Nous visons un gain de 30 % en quatre ans ! ».
Cette politique sera accompagnée d’un effort important en termes de recrutement (dans la tech), de formation et de RSE.
Nous allons investir 500 millions à 1 milliard d’euros d’ici 2023
Et, au final, April affiche un objectif de croissance organique de 6 % par an. Mais aussi des ambitions de croissance externe en Europe et en Asie sur les cinq cœurs de métier. « Nous allons investir 500 millions à 1 milliard d’euros d’ici 2023 » annonce Eric Maumy. Si tout se passe comme prévu, à cet horizon, April ne devrait plus beaucoup ressembler à ce qu’elle était il y a encore peu de temps.