Le tracteur électrique de Blyyd représente une rupture sur le marché de la logistique.
La tendance est à l’innovation ouverte : celle qui fait intervenir des acteurs divers (laboratoires, clients, fournisseurs) autour d’une idée pour la faire aboutir. C’est aussi la méthode retenue par les trois créateurs de Blyyd, jeune société lyonnaise qui a mis au point un tracteur électrique destiné à la gestion des remorques sur les aires logistiques.
Yves Giroud a été directeur commercial d’un grand opérateur en télécoms ; Damien Gambey est issu du conseil et de la formation ; et Lionel Vericel exploite une demi-douzaine de magasins Carrefour Market. Aucun d’entre-eux n’est donc issu du monde industriel dans lequel ils ont pourtant décidé de s’engager. « C’est une force, explique Yves Giroud. Nous avons ainsi une vision extérieure, neuve et commerciale des questions posées. »
Marché de niche
C’est une rencontre fortuite avec Christophe Gaussin, dirigeant de l’entreprise familiale éponyme (Héricourt/Haute-Saône), qui a déclenché l’aventure en 2013. Cette société d’ingénierie, spécialisée dans les véhicules logistiques, avait déjà mis un pied dans la traction électrique. Et a donc répondu présent lorsque les « trois mousquetaires » lui ont présenté un argumentaire reposant sur une solide étude de marché. Objectif : un marché de niche, celui des tracteurs opérant sur les plateformes de distribution, usines et autres ports. « Il y a peu d’innovation sur ce marché détenu par deux ou trois entreprises internationales. Notre idée est donc de l’aborder avec une technologie de rupture : des véhicules électriques, inexistants aujourd’hui sur ce créneau », explique Yves Giroud qui estime que le moment est le bon. « Les chargeurs, transporteurs et logisticiens sont aujourd’hui sensibles à leur responsabilité environnementale et donc intéressés par la traction électrique de nos véhicules. »
Economies d’énergie
L’innovation du tracteur ATM de Blyyd, plus cher à l’achat que les modèles diesel mais beaucoup moins coûteux en énergie, réside aussi dans la possibilité d’être équipé de deux batteries interchangeables. Quand l’une est installée, l’autre est en recharge, ce qui permet un usage des tracteurs 24 heures/24. L’ATM est aussi doté d’un dispositif de communication via une tablette tactile de guidage des remorquages.
En août 2016, Blyyd sortait ses premiers prototypes des ateliers de Gaussin. Les tests ont rapidement suivi, sur plusieurs plateformes d’enseignes de la grande distribution. L’an dernier, Carrefour passait sept commandes fermes, puis c’était au tour du géant du transport Kuehne + Nagel d’acheter un ATM.
Le compteur affiche aujourd’hui 32 commandes (Conforama, Gerflor, Cdiscount, Leroy Merlin...) et Blyyd espère un chiffre d’affaires de près de 4 millions d’euros en 2019. L’entreprise devrait bientôt recruter une dizaine de personnes. Avec, en perspective, une levée de fonds qui lui permettrait de prendre une autre dimension et de viser un développement européen.
Cet article a été publié dans le numéro 2354 de Bref Eco.