Les métiers du numérique manquent d’attractivité... et pourtant les emplois y sont qualifiés et stables (photo : Newquest, à Chambéry).
S’il est une filière qui recrute, c’est bien le numérique (logiciels, services, jeux), en Auvergne-Rhône-Alpes particulièrement. A ce sujet, la récente étude d’EY (1) apporte de vrais motifs de satisfaction et d’optimisme… en même temps qu’un sentiment de frustration et d’urgence.
Côté positif, une région en pleine croissance : « Les entreprises du numérique d’Auvergne-Rhône-Alpes ont créé près de 6.000 emplois entre 2011 et 2015, soit quasiment autant qu’en Ile-de-France ». Remarquable ! 6.000 emplois, c’est autant que ce qu’ont perdu, au cours de la même période, trois secteurs industriels majeurs de la région (chimie, métallurgie, mécanique). Notons cependant que cette évolution est très disparate géographiquement : la région lyonnaise concentre 78 % des nouveaux postes créés et 57 % des emplois de la filière (34.000 emplois), très loin devant Grenoble (10.700 emplois), Clermont-Ferrand (3.300) ou Annecy (2.200).
Pénurie de profils adaptés
Côté regrets, des entreprises dont le développement est freiné parce qu’elles ne parviennent pas à recruter autant qu’elles le voudraient : « 43 % des entreprises interrogées (...) ont eu au moins un poste non pourvu en 2016 ». Cette pénurie met d’ailleurs en évidence quelques réalités surprenantes. Ainsi, les métiers du numérique attirent moins la jeunesse qu’on pourrait le penser. « L’image du jeune geek, un paquet de chips près de l’écran, est très mauvaise et surtout, ne correspond pas à la réalité. Les entreprises proposent des postes très divers et des conditions de travail très correctes », affirme Catherine Bocquet, coprésidente du cluster Digital League.
D’où un appel à une meilleure diffusion de la culture numérique, depuis l’école primaire jusqu’aux formations continues. Le nouveau campus du numérique porté par la Région, qui accueillera dès la rentrée 500 personnes puis 3.000 étudiants en 2020 dans son ex-site de Charbonnières, est censé répondre en partie à la question.
Peu d'ambitions internationales et peu d'attrait pour les étrangers
Autre faiblesse : l’absence de dimension internationale de la filière. D’une part, l’export n’est considéré comme un levier de croissance que par 19 % des entreprises.
D’autre part, Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas une destination majeure des investissements étrangers (18e rang européen), largement dépassée par des villes comme Dublin, Francfort, Amsterdam, Munich, Barcelone ou Berlin, sans même citer Londres qui en attire vingt fois plus ! Sur l’échiquier européen, elle ne fait pas figure de grande région du digital. A l’heure de la concurrence internationale des territoires et de la révolution numérique, voilà un autre challenge à relever !
(1) Numérique : la course au recrutement » ; 2e édition ; mai 2017. Etude commandée à EY par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et Digital League.
Cet article a été publié dans le numéro 2287 de Bref Eco.