L’usine d’EcoTitanium inaugurée à Saint-Georges-de-Mons.
Le titane est devenu une matière primordiale pour l’industrie. En particulier pour l’aéronautique et le médical. En inaugurant à Saint-Georges-de-Mons la première usine européenne de fabrication de titane de qualité aéronautique par recyclage, le métallurgiste Aubert & Duval (groupe Eramet), ses partenaires et plusieurs représentants majeurs de la filière (Safran, Airbus) ont souligné la dimension stratégique du site.
Le programme a nécessité un investissement de 48 millions d’euros et permettra la création d’au moins 60 emplois hautement qualifiés dans le bassin rural des Combrailles, sans parler des emplois induits. En régime de croisière, l’usine produira plusieurs milliers de tonnes de lingots d’alliages de titane.
Pour une filière européenne indépendante
Face à une demande de titane en croissance constante (+ 50 % prévue entre 2012 et 2020), il est devenu important que l’aéronautique européenne sécurise ses approvisionnements. Et acquiert une certaine indépendance vis-à-vis de ses fournisseurs américains et russes. EcoTitanium est ainsi détenue par trois actionnaires : UKAD (43 %), filiale d’Aubert & Duval et du groupe minier kazakh UKTMP, l’Ademe (41,3 %) et le Crédit Agricole Centre France (15,2 %). De son côté, la Banque européenne d’investissement a accordé un prêt de 30 millions d’euros, garanti par l’Europe.
Economie circulaire pour économie de matière
Aubert & Duval propose désormais une offre complète aux industriels de l’aéronautique : extraction du minerai et élaboration du titane au Kazakhstan chez UKTMP (un des leaders mondiaux du secteur), forgeage de lingots chez UKAD (à Saint-Georges-de-Mons depuis 2011), matriçage de pièces, finition chez MKAD (joint-venture avec Mecachrome). Et recyclage des chutes et copeaux, donc, chez EcoTitanium dont l’usine de Saint-Georges intègre une technologie inédite : un four au plasma pour fondre les résidus de titane.
Ceux-ci sont collectés auprès des constructeurs aéronautiques et de leurs sous-traitants. En contrepartie, EcoTitanium s’engage à leur revendre du titane à un prix plus compétitif que les lingots fabriqués à partir de minerai. Une économie circulaire qui permet d’éviter le rejet de 100.000 tonnes de CO2.
Avant de partir en Chine inaugurer une usine d’Airbus, le secrétaire d’Etat à l’Economie Benjamin Griveaux concluait ainsi les interventions officielles : « Oui, il y a un avenir industriel en France. Grâce à l’innovation. Rappelons que 80 % des dépenses en R & D sont liées à l’industrie. Et l’innovation, ce n’est pas que des jeunes en bermuda et baskets dans la silicon valley, que des incubateurs à start-up dans les métropoles. Elle s’inscrit aussi dans nos territoires. »
Cet article a été publié dans le numéro 2300 de Bref Eco.