L’association CLAA (Couteau Laguiole Aubrac Auvergne), qui réunit 40 professionnels, s’apprête à déposer auprès de l’INPI une demande d’IG Couteau Laguiole.
CLAA
Pour protéger le couteau Laguiole et se tourner vers l’avenir, une association de couteliers s’apprête à déposer une demande d’Indication géographique appliquée aux produits industriels et artisanaux (IGPIA) qui reconnaisse l’ancrage de ce produit dans deux territoires : ceux de Laguiole et de Thiers.
Avec sa fameuse abeille, son manche légèrement incurvé et quelques autres particularités, le couteau Laguiole, qu’il soit fermant ou de table, est reconnaissable entre tous, dans le monde entier. Si cette notoriété fait l’affaire de ses fabricants historiques installés à Laguiole (Aveyron) et à Thiers, elle suscite aussi une concurrence asiatique qui inonde les marchés de produits souvent bas de gamme. Pour lutter contre elle, protéger le couteau Laguiole et assurer l’avenir de sa production en France, l’association CLAA (Couteau Laguiole Aubrac Auvergne), créée en 2015 et qui réunit 40 professionnels, s’apprête à déposer auprès de l’INPI une demande d’IG Couteau Laguiole. « Cette association et cette démarche sont communes aux deux territoires de fabrication du Laguiole, à savoir l’Aubrac, où est située la commune de Laguiole, et le bassin thiernois », insiste Aubry Verdier, codirigeant de la coutellerie thiernoise Verdier Manufacture et président de CLAA.
Deux bassins liés depuis plus de 150 ans
Dans la région de Laguiole, une quinzaine d’entreprises sont concernées par la production du couteau Laguiole et des couverts qui en sont dérivés. À Thiers, celle-ci représente 50 % de l’activité (80 % de l’export) d’une trentaine d’entreprises (fabricants et sous-traitants) et plus de 250 emplois. « Les documents et faits historiques prouvent que le couteau Laguiole n’appartient ni à l’un ni à l’autre de ces territoires mais bien aux deux », indique Aubry Verdier qui précise que ceux-ci travaillent ensemble depuis au moins 1868.
Au cours des décennies durant lesquelles la production s’est arrêtée à Laguiole, le bassin thiernois a « assuré sa continuité et la transmission du savoir-faire ». Dans les années 1980, la volonté des nord aveyronnais et le transfert de savoir-faire, d’outillages, de machines depuis Thiers ont permis la reprise de la fabrication à Laguiole. Puis, la notoriété venant, « c’est grâce à Thiers, son savoir-faire, sa capacité de production et ses prestations à la carte » que la profession a pu répondre à une demande croissante.
Une IG Couteau de Laguiole sans Thiers créerait une concurrence déloyale
« Grâce aux talents des deux territoires qui ont œuvré de concert, le couteau Laguiole est maintenant une référence de la coutellerie française dans le monde », poursuit Aubry Verdier qui n’envisage pas que les instructeurs de l’INPI ne reconnaissent pas cette réalité. « Une IG Couteau de Laguiole sans Thiers créerait une concurrence déloyale sur le marché, un précédent extrêmement négatif pour l’ensemble des productions coutelières thiernoises et un déséquilibre dans l’organisation de la coutellerie française dont Thiers est la plaque tournante et le pilier », analyse-t-il.