Les enfants d'Elizabeth Ducottet, Anne-Sophie, Delphine et Matthieu, ont rejoint l'entreprise Thuasne.
La société d'origine ligérienne est plus dynamique que jamais. Alors que la sixième génération arrive aux manettes, Thuasne renforce son leadership en matière de compression médicale, en investissant dans les start-up pour demeurer innovante et en s'internationalisant toujours plus afin d'élargir son marché.
Ce n’est pas seulement un saut générationnel, c’est surtout une question d’état d’esprit. Alors qu’elle fête ses 170 ans, l’entreprise stéphanoise Thuasne ne cesse de se réinventer. L’innovation est dans l’ADN de cette ETI bien française. Pour une fois, la formule n’est pas galvaudée. Matthieu Ducottet, l’un des rejetons de la sixième génération, incarne cette stratégie, alors que sa sœur Delphine a été nommée l’an dernier directrice générale adjointe de la société, appelée à succéder à sa mère Elizabeth Ducottet.
Investir dans les start-up pour rester dans la course
Ces dernières années, le groupe a pris des participations dans une dizaine de start-up. Dans FeetMe, dont les semelles bardées de capteurs sont un auxiliaire précieux des podologues pour mesurer la pression plantaire et mieux suivre les neuropathies. Avec Texisense, ont été conçus des clones numériques qui stimulent les réactions du corps au port de genouillères, d’orthèses, de coudières… Des clones qui contribuent à accélérer le développement de nouveaux produits.
Cette ouverture numérique n’a pas de frontière. Présent sur la côte ouest des Etats-Unis, Thuasne s’est rapproché du franco-californien Nettelo. A la clé, une application qui permet aux pharmaciens d’effectuer des mesures sans contact via un smartphone et de choisir le produit le plus adapté à la morphologie parmi les 8.000 références à portée de clic.
Cette fièvre numérique ne se limite pas à quelques développements technologiques et d’usages. Sous l’impulsion de Delphine Hanton, Thuasne s’est glissé dans le tour de table du fonds d’amorçage de 360 Capital Partners, contrôlé par Bpifrance, avec d’autres partenaires comme Groupe Rocher ou la Maif, pour être en prise directe avec cet écosystème. En Rhône-Alpes, l’ETI stéphanoise a également créé une cellule d’innovation dédiée aux objets connectés.
L'internationalitaion, gage d'une position de force
En quelques années, la vénérable entreprise stéphanoise a amorcé un nouveau virage. Sans se renier. Le fabricant d’orthèses n’a pas oublié ses origines élastiques, les bandes de contention et les ceintures lombaires qui ont fait sa renommée. Sous la présidence d’Elizabeth Ducottet, l’entreprise textile est devenue un acteur majeur des dispositifs médicaux, s’est internationalisée, avec dix usines dans le monde en France, en Allemagne, en Roumanie, en République tchèque, aux Etats-Unis. Outre-Rhin, elle s’est imposée comme le leader de la compression médicale.
Un parcours qui illustre la robustesse du modèle des ETI familiales qu’Elizabeth Ducottet résume en trois mots : « Pérennité, agilité, frugalité ». Trois qualités qui doivent frayer avec l’impulsivité, la versatilité et la voracité croissante de certaines jeunes pousses du numérique. Un choc culturel que Thuasne affronte sans complexe.
Cet article a été publié dans le numéro 2278 de Bref Eco.