Jean-Charles Potelle, dirigeant de Boldoduc.
DD
Situé en plein cœur de Lyon, dans une ancienne usine d’électroménager, le nouvel atelier du groupe textile Boldoduc est opérationnel. Il est destiné à la production de masques sanitaires en tissu.
Boldoduc fut l’un des premiers industriels du textile à réagir aux besoins urgents de masques sanitaires dus à la crise du Covid-19. Deux mois plus tard, la demande n’a pas baissé d’intensité : le groupe rhodanien fabrique chaque semaine un million de masques en tissu pour… douze millions de demandes ! Jean-Charles Potelle, son dirigeant, a décidé de mettre en place un atelier spécifique, dans le quartier de Lyon-Gerland. Opérationnel depuis quelques jours seulement, il produit 6.000 unités chaque jour… mais bientôt plusieurs millions par mois !
L’atelier de 300 m2, qui devrait doubler de surface prochainement, est installé dans une petite partie de l’ancienne usine désaffectée de Fagor-Brandt. Le site, qui accueille régulièrement des manifestations culturelles (Les Nuits Sonores par exemple), est l’un de ces lieux d’« urbanisme transitoire », comme le définit David Kimelfed, président de la Métropole de Lyon qui a passé une convention avec Boldoduc pour une occupation temporaire des lieux.
Souplesse et rapidité
En deux semaines, il a fallu acheter cent machines à coudre (200.000 euros d’investissement) et, surtout, recruter près de 70 personnes. « Pôle Emploi a été remarquable de réactivité, explique Jean-Charles Potelle. Ils ont travaillé sur plus d’un millier de CV, passé des centaines d’appels téléphoniques pour de premiers échanges et nous ont alors confié 300 contacts qualifiés parmi lesquels nous avons recruté 70 personnes auxquelles s’ajouteront encore 30 couturières la semaine prochaine ». Les postes créés sont des CDD de trois mois « pour l’instant », avec des emplois du temps et des amplitudes horaires très souples.
Un travail plein de « sens » que réalise aujourd’hui une équipe très diverse : « Douze nationalités, des gens de 18 à 62 ans, des personnes porteuses de handicap et, surtout, un incroyable dynamisme doublé d’une vraie bienveillance les uns envers les autres, et pleins d'initiatives », exprime avec émotion Bertrand Demailly. Recruté lui aussi spécifiquement pour cette mise en place, ce manager de transition reconnaît avoir vécu là « une expérience unique », lui qui a pourtant vécu des missions dans de nombreux sites industriels à travers le monde.
Un produit d'avenir
L’atelier de Gerland fermera probablement fin juillet. Boldoduc cherche déjà un nouveau local. Le maire de Dardilly, lieu du siège de la société, devrait trouver une solution. L’après dépendra de la dynamique du marché et de la concurrence. « Le masque est probablement un produit d’avenir, qui pourrait devenir un produit de mode, mais on peut aussi penser développer d’autres produits de ce type. L’important, pour nous, est de concevoir des articles de haute qualité », conclut Jean-Charles Potelle, ancien président du pôle de compétitivité Techtera.